Ils s'en prennent à Dieu et demandent :
« Dieu peut-il apprêter une table au désert ?
Sans doute, il a frappé le rocher :
l'eau a jailli, elle coule à flots !
Mais pourra-t-il nous donner du pain
et procurer de la viande à son peuple ? »
Alors le Seigneur entendit et s'emporta,
il s'enflamma de fureur contre Jacob,
sa colère monta contre Israël.
Car ils n'avaient pas foi en Dieu,
ils ne croyaient pas qu'il les sauverait.
Il commande aux nuées là-haut,
il ouvre les écluses du ciel :
pour les nourrir il fait pleuvoir la manne,
il leur donne le froment du ciel ;
chacun se nourrit du pain des Forts,
il les pourvoit de vivres à satiété.
Dans le ciel, il pousse le vent d'est
et lance le grand vent du midi.
Sur eux il fait pleuvoir une nuée d'oiseaux,
autant de viande que de sable au bord des mers.
Elle s'abat au milieu de leur camp
tout autour de leurs demeures.
Ils mangent, ils sont rassasiés,
Dieu contentait leur envie.
Mais leur envie n'était pas satisfaite,
ils avaient encore la bouche pleine,
quand s'éleva la colère de Dieu :
il frappe les plus vaillants d'entre eux
et terrasse la jeunesse d'Israël.
Et pourtant ils péchaient encore,
ils n'avaient pas foi en ses merveilles.
D'un souffle il achève leurs jours,
et leurs années en un moment.
Quand Dieu les frappait, ils le cherchaient,
ils revenaient et se tournaient vers lui :
ils se souvenaient que Dieu est leur rocher,
et le Dieu Très-Haut, leur rédempteur.
Mais de leur bouche ils le trompaient,
de leur langue ils lui mentaient.
Leur coeur n'était pas constant envers lui ;
ils n'étaient pas fidèles à son alliance.
Et lui, miséricordieux,
au lieu de détruire, il pardonnait ;
maintes fois, il retint sa colère
au lieu de réveiller sa violence.
Il se rappelait : ils ne sont que chair,
un souffle qui s'en va sans retour.
Que de fois au désert ils l'ont bravé,
offensé dans les solitudes !
De nouveau ils tentaient Dieu,
ils attristaient le Saint d'Israël.
Ils avaient oublié ce jour
où sa main les sauva de l'adversaire.